Essai: Une femme qui a marqué le nouveau mouvement artistique haïtien

Yvonne Sylvain (1907 – 1989)

Yvonne Sylvain est née le 28 juin 1907 à Port au Prince dans une famille culturellement importante en Haïti. Elle était la fille d’Eugénie Malebranche et de l’écrivain, activiste et figure de proue dans la lutte contre l’occupation américaine de 1915, Georges Sylvain. Son oncle, Benito Sylvain, fut l’un des pionniers du panafricanisme. Sa sœur, Suzanne Sylvain, fut la première anthropologue d’Haïti. Son frère, Normil Sylvain fut l’un des fondateurs de la Revue Indigène.   Son jeune frère, Pierre Sylvain fut un botaniste, spécialisé dans l’étude du café et qui travailla pour l’Institut Interaméricain de Sciences Agriculturales.   Yvonne Sylvain étudia tout d’abord à l’École Normale Supérieure ou elle obtînt un diplôme d’institutrice. Plus tard âgée de 28 ans, elle s’inscrit à la Faculté de Médecine de L’Université d’État d’Haïti. Diplômée en 1940, elle fut la première femme à s’inscrire et à être diplômée médecin de cette institution. Bénéficiant plus tard d’une bourse d’études du bureau sanitaire interaméricain, elle fut admise à la prestigieuse école de médecine de Columbia Université à New York, où elle se spécialisa en obstétrique et en gynécologie. Revenue en Haïti en 1945, elle se dédia au développement des sciences médicales, à l’étude des problèmes sanitaires du pays et à la promotion des traitements modernes des maladies féminines  comme le cancer de l’utérus. Elle retourna à New York en 1947 pour étudier la technique de l’anesthésie épidurale caudale qu’elle introduira en Haïti.   Elle fut la vice-présidente de la Fondation haïtienne de la santé et de l’éducation et fut membre fondateur de l’Hôpital de la communauté haïtienne de Frères. Elle fut également, pendant de nombreuses années, professeur à l’Université d’État d’Haïti. Comme tant d’autres haïtiens et haïtiennes  de son époque, la dictature duvaliériste força un long hiatus loin du pays pour le dr. Sylvain, de 1960 à 1973. Pendant ses 13 longues années, elle travailla comme déléguée en santé  génétique pour l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé.) Elle visita et travailla dans de nombreux pays en Afrique et fut pendant quelque temps médecin clinicienne au Costa Rica. En 2005 elle fut honorée à titre posthume comme la première femme médecin d’Haïti par l’Association médicale haïtienne. 

Bien que reconnue pour son apport dans le domaine scientifique et médical, Yvonne Sylvain premier amour fut pour l’art. La peinture surtout ; bien qu’ayant également touché au théâtre, a la radiodiffusion, et a l’écriture. Elle fut pendant un temps l’élève du grand sculpteur haïtien, Émile Charles. Elle prit une part active au développement initial du Centre d’Art dont elle participa à l’exposition d’ouverture comme artiste graphique et fut, plus tard, présidente de son comité administratif. C’est au Centre d’Art qu’elle rencontra Antonio et devint l’obstétricienne de sa femme, Solange, pendant ses quatre premières grossesses. Elle fut la marraine de son deuxième fils, Antonio Jr. Leur amitié dura jusqu’à sa mort le 3 octobre 1989. Yvonne Sylvain fait partie de cette longue lignée  de femmes haïtiennes qui, tout au long de notre histoire, ont contribué énormément  au progrès  du pays mais qui sont aujourd’hui en grande partie oubliées.

Références

Avril, Erickson : ” Yvonne Sylvain, médecin (1907-1989).” Haïtiennes. Editions science et bien commun.

Claude-Narcisse, Jasmine : “Yvonne Sylvain”. Mémoire de femmes. UNICEF-HAITI.

Braggiotti, Mary (September 3, 1947): “Haiti’s First Woman Physician”. New York Post.

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